Avant tout, il faut rappeler l’observation pertinente du spécialiste des danses populaires, Jean-Michel Guilcher (cf. La tradition populaire de danse en basse Bretagne, 1997). Il constate justement que lorsque les danses ne sont pas régulièrement accompagnées de ménétriers, elles demeurent moins influencées par des éléments venus de l’extérieur : on parlera alors, en ethnologie, d’une faible acculturation et, par conséquent, d’une importante endoculturation. Avantage dont bénéficie plus particulièrement ici, l’Ile d’Yeu. Il nous permet, en fait, d’observer leurs danses parce qu’elles sont toujours très vivantes et bien stabilisées depuis des siècles.
Situons les ronds et demi-ronds de l’îIe d’Yeu, parmi les rondes de Vendée : La barrienne (La Barre de Monts), La croesaïe (croisée) {Tout le marais}, la ridée (Ile d’Yeu), la polaîe (ancienne grand-danse), le demi-tour, la ronde à la mode de l’Epine, à la mode de Barbâtre (île de Noirmoutiers), la poraïe (Challans).
Les danses chantées qui ont été analysées par Julie Kestemberg sont, notamment pour l’ile d’Yeu : • le ½ rond « C’était une meunière » ; • « j’ai une méchante mère » ; • « petit bouton », (cf. la base RADd0Retenus : cotes vidéos rondes = demi ronds de l’Ile d’Yeu)
Base RADdO :
• [https://raddo-ethnodoc.com/archive/247892 24789 En revenant de noces ] =1/2 rond • [https://raddo-ethnodoc.com/archive/247893 Un jour sur la route de Paris ] = 1/2 rond • [https://raddo-ethnodoc.com/archive/117097 C’était une meunière….par Victorine VIAUD, 1996, ] =1/2 rond, par JPB.
=== C’était une meunière… chantée par Victorine VIAUD, 1996, enregistrée par JP. Bertrand, à l’Ile d’Yeu.===[https://raddo-ethnodoc.com/raddo/document/117097 085_01_2004_0580]<br />
C'était une meunière qui se levait matin C'était une meunière) Qui se levait matin) bis Qui se levait matin lalala Qui se levait matin Allant de bourg en ville) Pour faire moudre son grain) bis Pour faire moudre son grain lalala Pour faire moudre son grain Elle frappe à la porte Dormez-vous Mathurin Je dors ni je sommeille Je mets la meule en train Il la prend, il l'embrasse La jeta sur le grain Meunier tu me farines Tu me farines bien Belle si je te farine Je t'époussetterai bien Avec mon époussettoir Que je tiens à la main Relevez-vous la belle Votre sac il est plein Que va-t-elle dire ma mère De voir mon sac si plein Vous lui direz la belle Que c'est de Mathurin Mathurin qui vous aime Et qui veut votre main. Cf. trancription et analyse de la relation poésie/mélodie/danse, à la fin de ce texte.
Elles sont, plus généralement, des modes d’organisation qui manifestent des phénomènes symboliques propres à cette culture locale. De nouvelles observations devraient sans doute nous permettre, dans un proche avenir, de mieux caractériser ces musiques et ces danses. Par ailleurs, il s’agit surtout, et, en tout premier lieu, de présenter la spécificité culturelle de leurs rythmes envisagé de manière globale. Cette dernière nous est apparue comme une évidence. Ainsi, il devient tout à fait possible, pour la première fois, de prouver certains points importants qui concernent le sens et le style de ces danses, à partir d’analyses encore plus fines.
== Remarques plus générales==
L’alphabétisation en langue française, le prestige de cette langue, la domination de la « culture à la française » depuis plus de deux siècles, ont marqué fortement cette culture comme toutes les autres dites « régionales » en France. Cependant cette observation ne signifie certainement pas que ces manières d’être et, ici, ces manières de chanter ou de danser, aient disparues. En effet, ce sont des pratiques dont les usages sont plutôt en extension ces dernières années, alors qu’elles risquent cependant de s’affaiblir, en raison de l’envahissement de nouveaux modèles médiatiques de communication.