Par conséquent, ce métier nécessite, très théoriquement, de posséder - certes de solides compétences musicales et d'être soi-même musicien - mais aussi d’acquérir de larges connaissances sur l’avancement de nombre de disciplines connexes en Sciences Humaines et Sociales. Ces dernières sont également et surtout à rechercher auprès d’autres spécialistes que le musicologue se doit d'encourager à collaborer avec lui. C'est là une qualité nécessaire et indispensable que tout le monde ne semble pas posséder : savoir s'associer, selon les problématiques, alternativement ou concurremment, à un linguiste, un historien, un littéraire, un philosophe, un psychologue, un acousticien etc.
Cependant, de nombreux travaux d'historiographes de la musique montrent, au contraire, le caractère très individualiste de bon nombre de leurs travaux musicologiques. Mêmes ceux qui, enfin, s'ouvrent à la psychologie ou à la linguistique ne vont pas encore très souvent vers l'anthropologie, à savoir la voie que nous a montré l'ethnomusicologue irlandais John Blacking : l’exemple du Colloque "Musique et Cognition" de 1998 est ainsi révélateur du formalisme très étroit des travaux qui y sont présentés. Ils sont critiquables tout simplement en raison du fait qu'une recherche sur le sens de la musique ne semble pas du tout intéresser ces musicologues. On ne situe pas la musique en un lieu, mais plutôt à une époque donnée et l'on ne s'intéresse ni à ses apprentissages ni à ses musiciens.
==Antropologue Anthropologie de la musique==
Pour ma part, je considère qu'il faut aller beaucoup plus loin dans la recherche des liens pragmatiques de la musique. Introduire par exemple la notion de pertinence culturelle, ne va pas de soi. Elle est pourtant fondamentalement à l’origine de toute sélection d’un quelconque corpus que réalise l'ethnomusicologue en vue de l'analyser. Comme pour tout bon travail d'anthropologie, il convient par conséquent d'organiser puis d’archiver soigneusement des enquêtes directes qui portent à la fois sur les musiciens (récits de vie, apprentissage, mémoire), sur les situations de la musique (rites, cérémonies) et sur les pratiques collectives. L'enregistrement matériel, aujourd'hui sur support numérique est, rappelons-le, l’ultime révolution médiatique de la fin du XXe s. Elle a succédé à celle de l'enregistrement sonore du début de ce même siècle. Celle-ci apporte enfin à l'ethnomusicologue l'outil d'indexation qui va lui permettre de travailler dans toutes les directions qu'il juge utiles à sa problématique.
Enfin et surtout, l'étude de la variation des éléments mélodiques et polyphoniques qui est au centre de sa préoccupation, va être démultipliée en libérant ainsi un gain de temps considérable. L’étude de la variation des structures et systèmes musicaux tout comme celle des mélodies seront au centre de son travail. Dès lors, cette recherche pourra théoriquement aboutir à la définition tellement attendue des différents styles musicaux car ceux-ci émanent de l’interaction permanente entre les éléments constants voire les universaux de la musique et ceux que produit une culture donnée même en s'écartant des normes.
==L'ethnomusicologie==
La recherche ethnomusicologique sur les chants traditionnels, procédait par "échantillonnage", elle n'était qu'un pis-aller, voire un obstacle à l’ouverture actuelle sur la représentativité effective des éléments musicaux. Des séries nombreuses vont maintenant pouvoir être appréhendées, tant en phonologie qu’en musicologie, dès lors que l’on disposera de bases de données étendues, sur plusieurs cultures en contact. Utiliser les techniques numériques pratiquées avant nous par Marc Jeannin et/ou l'AREXCPO, c’est se donner le moyen de réaliser des études informatisées sur le comportement de couples phonèmes-notes (sons ?) dont l'intérêt serait de nous renseigner sur l’essentiel des liens fondamentaux qu'une langue et une culture entretiennent avec la musique.