La vie pendant la seconde guerre mondiale

De Witno
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Les Prisonniers de Guerre

BOURON Clément né le 25 mars 1912 à St Martin des Noyers, 2è cl 146 RAL 191

BLANCHET Henri né le 28 septembre 1906 à St Martin des Noyers, 2è cl RALC 183

CARRE Camille né le 12 septembre 1914 à St Martin des Noyers. Mobilisé le 4 septembre 1939. Fait prisonnier le 16 mai 1940 à Gimmée en Belgique. Arrivé en Allemagne le 26 mai 1940 au camp de Mülberg.

GAUDUCHEAU Edmond né le 28 décembre 1905 à St Martin des Noyers, 2è cl 5 SAR, Stalag VI C

ROULET Marcellin né le 6 septembre 1917 à St Martin des Noyers, 2è cl 95 RI, Stalag VIII C

Témoignage de Prisonniers

CARRE Camille, Né le 12 septembre 1914 – Marié le 11 avril 1939.

Mobilisé le 4 septembre 1939 - Fait prisonnier le 16 mai 1940 à GIMNEE (province de Namur GMP) en Belgique. Arrivé en Allemagne le 26 mai 1940 au camp de Mühlberg (Thuringe GMP), N° matricule 23 047 IVB.

1er départ au travail - Le 16 juin 1940 à BOLHEN (ville de Saxe, arrondissement de Leipzig GMP) dans une mine de lignite à ciel ouvert. Baraquements tout neufs, en groupes de 20 - 25 par baraque - en tout 4 à 5 baraques. Travail de consolidation de voies de chemin de fer à voies d'un mètre. Travail dur pour le peu de nourriture qu'on avait. Dès ce moment, l'idée de m’évader m’est venue. J'avais bien des copains, ou plutôt des camarades à qui me confier, on en parlait souvent, mais il n'y avait personne pour m'encourager, bien au contraire. Pourtant, j’avais bien ma devise « Mieux vaut mourir d’une balle que de mourir de faim », dans mon idée on devait moins souffrir. Le sort n'a pas voulu que je reste à ce commando. Notre extrême faiblesse avait attiré les poux, et à force de me gratter, je suis allé à la visite. Diagnostic : la galle. Retour au camp. Douche nettoyage énergique, pas de travail, je repris mes forces.

2ème départ au travail - Cheminot sur la voie, travail très dur mais relativement bien nourri. J'ai fait 3 semaines, mal dans le dos. Je suis resté allongé 3 semaines, retour au camp. Là, j'ai voulu organiser ma vie avec un copain de Rouen. On a fabriqué maints objets d'art, des cigognes en bois de sapin. Le temps passait vite, on était occupés. On vendait bien notre production pour du pain, des cigarettes, etc... Après avoir déserté plein de fois le « marché aux bestiaux » et l'hiver venant, Ia nourriture se faisait de plus en plus rare. On s'est dit qu'on ne passerait pas l’hiver dans ce camp. Alors on s'est laissé embarquer au premier marché aux bestiaux venu. On était un groupe de 40 environ de « Leicharbeit »(travaux légers).

3ème départ au travail - Arrivé à ZEITZ (GMP Saxe-Anhalt) dans une « Kinderwagenfabrik »(usine de poussettes GMP)– 60 ouvriers un bon patron - Usine bien chauffée. Travail léger, nourriture abondante. Là j'ai repris du « poil de la bête » mais l'hiver arriva, et les betteraves qu'il fallait arracher. Notre groupe partit pour 3 semaines.

4ème départ au travail - Le froid à arracher les betteraves n'était pas pour nous remonter le moral, mais ça ne dura pas. On retourne à l'usine, la « Kinderwagenfabrik ». Mais une loi vint, il ne fallait pas garder les prisonniers plus de 6 mois dans la même maison. Il a fallu partir.

5ème départ au travail - Là on nous a dispersés au petit bonheur suivant nos aptitudes. J’arrive dans une tuilerie. Travail tranquille, nourriture valable. Facilité de se "débrouiller". C'est là que j'ai pensé sérieusement à m’évader. Je suis resté près d'un an à cette tuilerie de REUDEN (Saxe Anhalt GMP). Je m’ennuyais. Avec le peu de liberté qu'on avait, je pus quand même prendre contact avec un groupe de français travailleurs volontaires en Allemagne. C'est là que je pensais à la complicité de quelqu'un. Ces volontaires allaient en permission en France. J'avais trouvé quelqu'un qui me vendait son titre de permission, pour tabac, haricots, chocolat, café etc… J'avais des économies de nourriture.

1ère Tentative d'évasion - Le 3 mars 1942. Je devais partir à pied à la Gare d'ALTENBERG (Saxe GMP) à 3 heures du matin. Je suis donc sorti avec l'aide de quelques camarades, en passant par une fenêtre qui était "barbelée". Habillé en civil un peu légèrement. Pas de chance pour le temps, il neigeait. Je suis donc arrivé à la gare à l'heure. Je retrouve sans peine le groupe de 20 volontaires qui partaient en France. Le chef de ce groupe s'approcha de moi en me disant que ce n'était pas la peine d'essayer de se mettre dans le groupe, car la police les comptait à chaque instant, et que je n'avais aucune chance de réussir. Moi j'étais décidé à partir, et je suivis le groupe jusqu'au train en prenant un billet pour une gare proche. Me voilà dans le train qui devait m'emmener en France. Tout allait bien, mon espoir était grand. On roula jusqu'à une petite gare, et là, on devait changer de train. Je réussis à changer de train et en direct pour la France. à ERFURT (land de Thuringe GMP), halte du train. Contrôle. Un contrôleur passa dans notre compartiment. Je comptais un peu sur la pagaille de ce train bondé, on ne pouvait pas se bouger. Ce fut ma perte, J'ai toujours cru que ce contrôleur avait mon signalement, car il me dit en français « Monsieur, vous êtes le prisonnier n° 23047 ». J'ai su par la suite que j'avais été signalé par notre homme de confiance qui avait donné tous les détails. Je suis donc descendu du train. Il neigeait. Pas question de fausser compagnie, il faisait si froid. A la gare, on rassembla tous les évadés du train. Civils volontaires, sans permissions, STO et prisonniers de guerre, on était bien plus de 100. Chacun dû suivre un policier ou une sentinelle. Pour ma part, j’ai passé la nuit à la prison de la caserne dans une cellule et je suis resté 3 jours avant qu’une sentinelle vienne me chercher du camp d'ALTENBERG. En attendant le train pour ALTENBERG, j’aurais pu lui fausser compagnie cent fois, mais pas de question avec le temps qu’il faisait, neige et froid.

Me voilà donc au camp – baraque des évadés -. Pantalon rouge. La baraque était bien chauffée, on était 40 ou cinquante, on passait son temps à la corvée du quartier le matin, et la soirée on se racontait des histoires d’évasion. Il y en avait de terribles, mais aussi de très tristes. Au bout de quelques jours, ce fut la cellule pour 3 semaines, à 3 par cellule. Rien de très grave, ce fut vite passé.

Enième départ pour le travail à 7 évadés pour une « Carrosseriefabriek » (Atelier de Carrosserie GMP) à Altenburg. Je suis resté là 6 mois, avant ma 2ème tentative d’évasion. Tous les 7, on ne parlait qu'évasion, pourtant je leur avais toujours dit que c'était moi qui partirais le premier. Je remis çà tout seul. Personne de décidé à partir. Dans un sens, j'avais une grande confiance en moi, et un copain aurait plus été une charge. Je préparai donc minutieusement mon départ. Toujours par le train, mais le train de marchandises. On était à 40 km de LEIPZIG (land de Saxe). C’est le mois de septembre. Je savais par les évadés qu’il était assez facile de repérer un wagon en départ pour la France.

2ème Tentative d'évasion - Septembre 42 Il faisait beau et je pensais aller à pied en 2 ou 3 jours et nuits à LEIPZIG. Le départ se fit sans grand peine. Un dimanche de promenade, j’ai laissé retourner les copains et moi j'ai continué en direction de la gare des marchandises, mais habillé en « Gefangener »(prisonnier GMP). De jour, il était facile de circuler ainsi, personne ne s'occupait de nous. Je passai ma première nuit à la belle étoile dans un petit bois. Au matin, je m'apprêtais à partir pour la gare. Un chien et un policier me dénichèrent avant mon départ. Ce fut fini. Il fallait suivre. J'ai passé la nuit dans la gendarmerie du petit pays, et le lendemain, retour au camp d'ALTENBURG, à la baraque des évadés que j'avais quittée 6 mois plus tôt. Mêmes cérémonies. L'interrogatoire, "Pour vous punir, je vous renvoie dans votre commando, vos copains vous casseront la gueule" me dit l'officier de l'Abwer (la défense GMP). J'aurais bien été content d'y retourner on n'y était pas mal. On m'envoya chez un "Klempnermeister" maître ferblantier.

Enième départ au travail - Là je travaille avec mon patron et son oncle. On était à 3, j'étais un peu l'apprenti et manœuvre. Je n'étais pas mal. On était à mars 43. Je couchais dans une "Zukerraffinerie"(raffinerie de sucre GMP) avec une quarantaine de camarades dont la bonne moitié étaient des anciens évadés. Là on a eu de bons moments. Le sucre bonne monnaie d'échange ne nous manquait pas. II n'y avait qu'à le prendre. J'avais même fabriqué un alambic et on fabriquait de l'eau de vie de sucre, ça remontait. Mais cela ne dura pas longtemps, il fut question d'en commercialiser, mais on ne s'entendit pas et j'arrêtai de bouillir.

Là je suis resté 1 an. Une partie des camarades, presque tous, ont été transformés en civils, alors qu'on était à 3 qui n'en voulurent pas. Il me fallut changer de camp. Je ne changeais pas de patron, mais je changeais de commando. J’avais de la liberté, car pour aller à mon travail, je n'étais pas accompagné. J'allai donc au commando de ROSITZ (Thuringe GMP), une cinquantaine de français prisonniers étaient gardés par une ou 2 sentinelles. Je pris vite contact avec des civils qui avaient droit à des permissions. J'en trouve un qui n'avait pas de famille et qui préférait rester en Allemagne durant sa permission. Ainsi je préparai ma 3ème évasion.

3ème évasion - A un ami commun qui restait, je remis le paiement de son titre de permission (tabac, sucre, biscuits, haricots, etc.) Il ne devait toucher à son dû que lorsque je serais parti. J'avais raison de me méfier. Les permissions étaient suspendues et n'ont jamais repris. Je n'ai donc pu partir (à deux jours près) on était en septembre 44. A ce moment-là, je commençai à prendre patience. Les américains étaient débarqués depuis juin, et la guerre ne devait plus durer longtemps. Je changeai bientôt de commando, et de patron. Je suis allé au commando de GOSSNITZ (Thuringe GMP). J’étais détaché à PONITZ (est du land de Thuringe GMP), chez le forgeron maréchal du pays. C'est là que j'attendis la libération par les américains le 25 mars 1945 Retour dans mon foyer le 25 avril 1945.

Source : Antoine et Joseline Carré - Note GMP : Groupe Mémoire et Patrimoine.

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Le Service du Travail Obligatoire - STO

Le service du travail obligatoire (STO) fut, durant l’occupation de la France par l’Allemagne nazie, la réquisition et le transfert vers l’Allemagne de centaines de milliers de travailleurs français contre leur gré, afin de participer à l’effort de guerre allemand que les revers militaires contraignaient à être sans cesse grandissant (usines, agriculture, chemins de fer, etc.). Les personnes réquisitionnées dans le cadre du STO étaient hébergées, accueillies dans des camps de travailleurs localisés sur le sol allemand. Il fut instauré par la loi du 16 février 1943, faisant suite au relatif échec des politiques de volontariat et du système dit de "la Relève", qui aboutit à la présence en 1942, de 70 000 travailleurs venus de France en Allemagne, très en deçà des exigences de l'Occupant. (Wikipedia)

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Les Chantiers de Jeunesse

Les Chantiers de la jeunesse française (CJF), souvent appelés chantiers de jeunesse, étaient une organisation paramilitaire française ayant existé de 1940 à 1944. Elle devait être un lieu de formation et d'encadrement de la jeunesse française. Les jeunes hommes de la zone libre et de l'Afrique du Nord française en âge (20 ans) d'accomplir leurs obligations militaires y étaient incorporés pour un stage de six mois. Ils vivaient en camps près de la nature, à la manière du scoutisme, mais avec le volontariat en moins, et accomplissaient des travaux d'intérêt général, notamment forestiers, dans une ambiance militaire. Ils étaient encadrés par des officiers d'active et de réserve démobilisés, ainsi que par des aspirants formés pendant la guerre de 1939-1940. À partir de 1941 l'obligation des chantiers de jeunesse est étendue à tous les Français de zone libre devant accomplir leurs obligations militaires pour 8 mois.

Témoignage de Célestin Martineau. J’ai été mobilisé le 8 Juin 1940 et affecté au 402ème DCA à Bordeaux. A ce moment- là les allemands envahissaient la France et se dirigeaient vers la frontière espagnole en longeant la côte Atlantique afin d’occuper l’ouest de la France. Nous étions cantonnés dans un château près de Bordeaux, nous couchions dans les stalles à chevaux et ceci pendant 15 jours. Lorsque les allemands se sont rapprochés, nous avons eu l’ordre de nous retirer dans le Lot, département en zone libre lors de l’armistice. Nous avons passé l’hiver dans ce département et formé les chantiers de jeunesse. Nous avions notre uniforme militaire, notre activité consistait à encadrer des jeunes pour une formation militaire (exercices, marche au pas, corvée de bois pour se chauffer etc…). Nous avons été libérés en mars 1941. Ceux qui avaient des parents en ferme étaient renvoyés dans leur foyer, les autres en Allemagne (STO). J’ai été démobilisé, puis je suis parti travailler dans la ferme de mes parents au Bois Boudaud de St Martin des Noyers et ensuite je me suis marié en 1947.

L'Occupation Allemande

Témoignage de Roger Sorin qui habitait Le Landais. Les Allemands sont arrivés au moment de la récolte des foins. Nous avions une charretée de foin dans la grange, ils sont arrivés de nuit. Nous ne les avions pas entendus arriver, ils avaient détaché les bœufs dans l’étable et les avaient mis dans le pré en face pour mettre leurs chevaux à la place, puis pris le foin pour faire la litière. Lorsque mon père se leva le matin il a vu l’équipage qui était à la maison, la roulante avait été mise sous un arbre en face de l’écurie, elle a été présente à cet endroit-là une huitaine de jours. Un détachement assez important couchait chez nous dans la grange et les autres dans les granges du village. Nous avons bien été obligés d’accepter leurs façons d’agir ; lorsque nous voulions lier les bœufs, nous étions obligés de détacher les vaches qui étaient dans l’étable de l’autre côté pour les mettre à la place, ce qui nous permettait de les lier pour aller chercher la « pension ». Le jour, les Allemands faisaient la comédie, ils chantaient, se promenaient d’un côté, puis de l’autre pour tromper l’ennui, le soir au moment du couvre-feu, il y avait une sentinelle qui passait et après son passage tout le monde se cachait chez soi, on n’entendait plus rien du tout. On était gêné, car on ne pouvait pas agir comme l’on voulait. Certains Allemands étaient corrects, une fois il y en un qui voulait des œufs, il ne parlait pas français alors pour s’exprimer, il nous a montré avec des gestes de la main la forme ovale de l’œuf, puis tout à coup il a aperçu une poule à l’extérieur, il s’est mis à la suivre jusqu’au poulailler, il a pris un œuf dans le nichoir et nous l’a montéa. A ce moment-là nous avons compris ce qu’il voulait.

A cette époque, nous conduisions les vaches au pré deux fois par jour ; nous les conduisions le matin, puis nous les retournions le midi pour la traite, retour au pacage et ensuite retour le soir à l’étable. Un jour ma grand-mère les gardait dans un pré, elle vit des allemands qui passaient sur la route avec un camion, ils se sont arrêté puis le camion a reculé, un allemand est descendu et a fait semblant de « poser culotte » ; Ma grand-mère s’est retirée pour ne pas être vue. A ce moment-là, ils ont fait monter une génisse dans le camion puis sont repartis. Le soir forcément lorsque les bêtes furent rentrées à l’écurie il en manquait une, nous avons cherché partout et impossible de la trouver. Lorsque la sentinelle fut passée après le couvre feux et que personne ne bougeait, ma mère partit voir sous le petit hangar qui était derrière l’écurie, il y avait une bâche de mise sur le sol et dessous il y avait la viande de la génisse. On n’a rien pu dire et on ne savait pas comment agir. Environ quatre ou cinq jours plus tard, un Allemand qui parlait un peu le français est venu pour payer la viande, mais elle ne fut pas payée à la valeur des cours en vigueur.


Témoignage de Fernande L’Hermite née Fruchard qui habitait le village des Touches : occupation et solidarité. Juin 1940. Une colonne allemande de plusieurs véhicules est arrivée aux Touches par la route de La Chaize-le-Vicomte, a pris la direction de La Merlatière et s’est établie dans un chemin à la sortie du village pour une durée de 6 mois environ.

Lors de leur départ, ils laissèrent derrière eux une vieille moto, une voiture et un tas de boites de conserve vides. Ils s’emparèrent d’une génisse en partant (fait relaté par Roger Sorin). Par la suite, Eugène Roulet a pris les roues de la moto pour en faire une remorque. Notre institutrice avait caché sa voiture dans notre gerberie.

En 1942, les parisiens souffraient de la faim. Avec notre mère qui avait le sens de la solidarité, nous sommes allés à la mairie demander s’il y avait des personnes nécessitant une aide. La mairie nous a donné l’adresse d’une famille de Montrouge (famille Yonker avec 4 enfants). Après avoir reçu leur premier colis, ils nous ont remerciés par courrier et nous ont demandés de faire suivre d’autres colis moyennant paiement. Un colis était souvent composé de farine dans laquelle nous mettions des œufs pour qu’ils ne se cassent pas, des haricots secs (mojettes) et du beurre ; en retour nous recevions des livres d’enfants et des jouets. L’adresse du colis était recto-verso et servait pour plusieurs expéditions. Par la suite, cette famille est venue en vacances en Vendée pendant 9 années. Nous allions les chercher avec la cariole à cheval, les 4 enfants (2 garçons et 2 filles) avec leur mère à la gare de La Chaize le Vicomte. Nous les logions à La Roberterie, dans une pièce qui ne comportait ni électricité ni eau courante (c’était presque un choc de culture).

Leur père possédait un appareil photo et a pris de nombreuses photos de la vie rurale (ex. les battages). Nous sommes allés en 1947 au baptême du petit dernier, Roger. Il n’était pas baptisé car ses parents attendaient le retour de captivité de mon père Fernand Fruchard prévu comme parrain.

1943. Chez Eugène Roulet, même ferme que les Fruchard à la ferme du coin des Touches, un assujetti au STO a été caché sous le pseudonyme de Michel Raynard (de son vrai nom Raymond Maratier). Lors d’une permission pour la naissance de son fils Claude, Michel a décidé de ne pas retourner en Allemagne. Lors d’un contrôle chez lui par les allemands, il s’était caché sous le lit et avait décidé de partir à La Chaize le Vicomte chez un forgeron. Là, il a rencontré Eugène Roulet qui l’a ramené chez lui à la ferme. En échange du gite et du couvert, il travaillait sur la ferme. Une fois, il a renversé la charrette de foin tirée par des bœufs qu’il conduisait : il n’était pas du métier ! Son épouse venait lui rendre visite et a donné naissance à une petite fille dont ma tante a été la marraine. Ils ont dû cesser ces rencontres à la suite d’un contrôle des gendarmes.

Michel chantait bien, nous lui réclamions des chansons lors des battages, telle Alexandrine et les poules.

Un juif aux Touches : Odette Jaud née Roulet logeait la famille Meurice. Celle-ci avait à Paris des amis juifs qui avait un fils unique : Max Pesner. Les parents avaient été pris dans une rafle et conduits au sinistre camp de Drancy. Les Meurice ont demandé à la famille Roulet de cacher Max, ce qui était risqué à l’époque. Il a été hébergé jusqu’à la fin de la guerre dans une pièce, sans sortir. Il n’avait pas beaucoup d’occupation et fabriquait des albums photos. Max Pesner est décédé un an après la guerre à Paris : il avait 20 ans !


Témoignage d’Ernest Rabaud de La Boivinière. …Les allemands organisent des manœuvres pour la troupe. A cette occasion, les habitants des villages de La Rochette et du Bignon (St Hilaire le Vouhis) sont invités à quitter les lieux pendant la durée des opérations et viennent se réfugier à la Boivinière avec leurs animaux domestiques. Ernest se souvient d’une famille venue avec une truie prête à mettre bas et qui perdra toute sa portée suite à ce voyage imprévu. Les allemands tirent au canon en direction de Ste Cécile, l’épreuve dure une partie de la journée et le soir venu, les habitants rejoignent leur domicile.


L’homme des bois 1940-1945 - Extrait d'un enregistrement de Madame Fernande L’Hermite née Fruchard - Un homme (du nom de Duranteau) a vécu dans la forêt du Détroit ; on ne sait pas combien de temps car personne ne s’est aperçu de sa présence au début de son séjour, mais à la fin de la guerre, il est reparti. Nous connaissions l’endroit où il résidait dans la forêt du côté de la Peinerie : il y avait un petit « routin » qui menait là où il vivait.

Cet homme avait un potager et cultivait des légumes. A cette époque Gilbert Maindron possédait une remise près de son magasin, Rue Ste Agathe, où il stockait des marchandises. Monsieur Maindron avait des produits qui disparaissaient ; de forts soupçons de chapardage se sont portés sur l’homme des bois, car sans revenu il fallait bien qu’il se nourrisse. Mon beau père du Sablon possédait des moutons, une nuit les chiens ont aboyé mais il ne s’est pas trop inquiété. Le jour suivant une brebis bêlait pour appeler son petit qui lui manquait, mon beau père a retrouvé la dépouille de l’agneau dans un champ près de la forêt.

Pour aller à la Peinerie il n’y avait pas de route, au bout du chemin une caisse à pain était donc installée pour que le boulanger ravitaille les habitants. Lors de ses tournées, il laissait le nombre de pains commandés par les fermiers ; ceux-ci se sont aperçus qu’il en manquait souvent un sur la quantité commandée. Nous en avons pensé que cet homme vivait de chapardages et de gibier pris dans ses collets. A cette époque nous en avons déduit que ce monsieur ne voulant pas faire la guerre, avait probablement déserté.