Abel Chataigner (1907 - 1963)

De Witno
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Né le 17 janvier 1907 à Saint Martin des Noyers, pupille de la Nation (son père est mort en 1918).


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Il se passionnait pour le dialecte traditionnel de la Vendée, recueillait des expressions de patois, constituait un lexique avec traduction française. Ce gout de la philologie devait lui demeurer toute sa vie, comme une source de joies intimes. Diplômé des Hautes Etudes Politiques (Sciences Po.), il postule une place dans les colonies et devient adjoint des services civils le 2 juin 1938.

En dehors de ses fonctions, il se consacre à l’étude des langues du Sénégal où il avait reçu son affectation. Il fut nommé administrateur adjoint des colonies le 1° novembre 1942. Il fut nommé ensuite consul de France à Ste Marie de Bathurst, en Gambie britannique où il se montre habile diplomate et homme du monde. Il reçut la reine d’Angleterre, en représentant de la France. Une foule d’amis le fréquentait dans un logis original qu’il s’était fait construire et que l’on appelait la Tour d’Abel.

Lorsqu’il prit sa retraite en 1957, il commença de s’aménager une maison à St Martin, sa commune natale, et il acheta un des Moulins des Bois, en pleine solitude, où il rêvait de se créer un ermitage. Mais le Sénégal devenu indépendant allait bientôt le rappeler.

Parmi ses nombreux amis du Sénégal, Léopold Senghor, le président de la nouvelle République, comptait au premier rang. Il pria ce grand connaisseur de la langue, du génie et des problèmes de l’Afrique occidentale de revenir auprès de lui comme Conseiller Technique aux Affaires Etrangères. Abel Chataigner vécut cette période tourmentée où le Mali fut créé, puis éclata, et il remplit souvent alors les fonctions d’un véritable ministre des Affaires Etrangères.

De temps à autre, il revient en France, séjourne à Paris, se repose à St Martin. Il se remet à ses études philologiques dès qu’il trouve un moment libre ; il a étudié le peulh, le mandingue, le kryol, a traduit de multiples contes de la brousse, accumulé des documents de toutes sortes sur le folklore africain. Il songe à consacrer ses dernières années à la philologie.

En 1962, il obtient sa mise en congé, retourne en France avec la pensée de s’y fixer, sans exclure la possibilité de voyages au Sénégal. Admis au Centre National de la Recherche Scientifique, il travaille beaucoup mais se fatigue. En août 1963, un séjour à Vittel rétablit sa tension artérielle. Aussi se croit-il en mesure de partir à nouveau pour l’Afrique le 28 octobre 1963, afin d’y poursuivre ses recherches philologiques. Il y travaille dans la maison qu’il possède en l’ile de Gorée, avec une activité fébrile : il voudrait rentrer en France pour noël. Il a retrouvé là-bas une famille noire, celle de M. Chambaz, où il a une filleule, Madeleine.

Le 11 et 12 décembre, travaillant avec son ami Chambaz, il a dû s’étendre à deux reprises. Déjà, il a décommandé un diner. Une crise cardiaque le saisit dans la nuit du 12 au 13 décembre ; au matin, on le trouve mort, la tête contre la porte de sa salle de bains, il n’avait pas encore 57 ans.

La sépulture fut célébrée en l’église du Sacré Cœur, à Dakar, devant une foule de personnalités ecclésiastiques, civiles et militaires, et en présence de délégations venues de Gambie, de Kédougou, de Casamance. Le cercueil a été placé au Dépositoire du cimetière de Bel-Air, d’où il reviendra dans quelques jour à St Martin.

Tous ceux qui l’ont connu sont demeurés sous le charme de sa gentillesse, de son sourire et de sa finesse d’esprit. C’était un ami fidèle, compréhensif, généreux, très attaché aux traditions de la France et de la Vendée et en même temps ouvert aux idées d’autrui, accueillant à leurs sentiments, prêts à soulager leurs peines.

 Il repose au cimetière de Saint Martin des Noyers. Une rue porte son nom.

(Extrait Le Lac – 16 è année – N° 2 Mars-Avril 1964 GMP).