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Eglise et Paroisse de Saint Martin des Noyers

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=L'abbé Joseph Bonnet, Vicaire de Saint-Martin-des-Noyers noyé en Loire le 16 novembre 1793.=
Tous les prêtres, victimes de la révolution, ne sont pas mort morts guillotinés. Beaucoup ont péri à Nantes dans les eaux de la Loire. Parmi eux se trouvaient au moins 2 prêtres vendéens: l'abbé Joseph Bonnet, Vicaire à Saint-Martin-des-Noyers, dont nous allons raconter l'histoire, et l’abbé de Meyracq, Vicaire à La Bernardière (La Bernardière appartenait, avant la révolution, au diocèse de Nantes).
Joseph Bonnet naquit à Montaigu, le 18 mars 1751. Son père était marchand de drap. De sa famille, on ne sait pas grand-chose, sinon qu'elle était très chrétienne (deux cousines de l’abbé Bonnet furent victimes de leur foi intrépide. Modeste Déléard fut guillotinée à Nantes le 18 mars 1794 ; sa sœur fut noyée dans la Loire à une date inconnue). On ignore également ce que fut la jeunesse du futur martyr.
Aux Carmélites
Tous les prêtres non déportés devaient être réunis dans une seule prison. Cette prison fut l'ancien couvent des carmélites, situé non loin de la cathédrale. On groupa là une centaine de vieillards, d’infirmes et de malades. C'est Ces malheureux formaient un navrant tableau de la misère humaine. La plupart avaient atteint l'âge de la retraite ; beaucoup réclamaient des soins appropriés à leur état. Or, tout manquait : infirmerie, remèdes, chauffage.
L'abbé Bonnet resta sans soin, dans cette geôle nouvelle, du 10 septembre 1792 au 5 juillet 1793, soit pendant trois cents jours . Trois cents jours sans visite, et, probablement, sans messe. L'autorisation de célébrer avait été retirée aux captifs. Quelques-uns , cependant, se procurèrent, en cachette, les objets nécessaires. Monsieur Bonnet fut-il du nombre ? Rien ne permet de l'affirmer.
Le 27 avril 1793 M. de Meyracq, ancien vicaire de La Bernardière, pénétra à son tour, entre deux gendarmes, aux Carmélites. L'abbé Bonnet remarqua-t-il ce prêtre de quarante-deux ans, arrêté dans sa famille à Nantes ? Non, sans doute. Ils devaient mourir, ensemble, quelques mois plus tard, de la même affreuse mort .
Mais en cette fin d'avril 1793, aucun des prisonniers ne songe au martyre. Plusieurs se laissent aller au contraire à de douces espérances. Depuis plus d'un mois, La Vendée s'est soulevée. L’insurrection s'étend, au sud de la Loire, jusqu'aux portes de Nantes. L’abbé de Meyracq , très entouré au début, apporte à ses compagnons de captivité de réconfortantes nouvelles. Tout le bocage appartient aux vendéens ; on dit leurs armées formidables. Pourquoi ne viendraient-ils pas jusqu’à Nantes ? La Bretagne, assure-t-on aussi, n’attend qu’un signal pour se rebeller. À Nantes, dit M. de Meyracq, les autorités s'affole affolent et croit croient voir, chaque matin, les « Brigands » à leurs portes.
« Pourquoi les appelle-t-on « Brigands » ? s’informe quelqu’un.
- C'est, explique M. de Meyracq ,un surnom que leur ont donné les Révolutionnaires.
- C'est bien à eux, remarque un détenu, à qualifier les autres de « Brigands »! Brigand signifie voleur. Or, il me semble qu'on en fait de vol (la Révolution avait confisqué les biens du clergé et ceux des émigrés) les Révolutionnaires savent leur métier ! Mais, par ailleurs, qui commande les vendéens ?
- Un homme du peuple, Jacques Cathelineau, du Pin en Mauges. On le dit très capable ; ses gens le nomment le Saint de l'Anjou. On parle beaucoup aussi de MM. d'Elbée et de Bonchamps. Le bocage vendéen obéit à M. de Sapinaud, et le marais de Challans à M. de Charette. La région de Bressuire suit un jeune homme de vingt ans : M. Henri de la Rochejaquelein
- Fasse le Ciel qu’ils nous délivrent bientôt ! ».
- Ce n'est pas un orage : voyez, le ciel est pur. C'est le canon ! »
C'était, en effet, le canon de Charette, qui attaquait le faubourg de Pont-Rousseau. Mais, au bout de quelques heures, le grondement se tut. Les captifs tendaient en vain l'oreille : le combat semblait se terminer par un échec (selon le plan des chefs vendéens, l’attaque des troupes de CharretteCharette, de Bonchamps et de Cathelineau, devait être simultanée. Or, Charrette se trompa de jour, et attaqua 24 heures trop tôt. Se voyant seul, il se retira).Brusquement, le lendemain matin, le même roulement puissant se fit entendre. Cette fois, il venait de l'est. Au bruit du canon semaine elle se mêlait le crépitement plus grêle de la fusillade. Le tumulte se rapprochait d'heure en heure.
« Ils avancent ! Ils avancent ! »
« Ils n'y arriveront jamais gémit quelqu'un . Nantes est trop bien défendue ! »
Soudain, vers 10h, le canon recommença à tonner, très loin, au nord de la ville. Son roulement, continue et formidable, parvenait comme un écho affaibli aux prisonniers. De toute évidence, l'assaut principal s'opérait par la route de Rennes (Cathelineau, retenu assez longtemps, à Nort, au passage de l’Erdre, ne put arriver devant Nantes qu’après le départ de Bonchamps. Il aurait cependant emporté la ville d’un élan irrésistible, sans la balle qui le frappa, place ViarmesViarme). Les détenus, anxieux, prêtait prêtaient l'oreille.
« Il me semble qu' »ils » ils se rapprochent " disait l’un.
L'espoir renaissait dans les cœurs .
Puis, le tumulte lointain cessa. L’artillerie se taisait, mais, dans les rues même de Nantes, une énorme rumeur grandissait. Les plus valides des captifs, grimpés aux greniers, voyaient des groupes de soldats, sans armes, courant l'air égaré. Quelques-uns des fuyards criaient :
Le fracas du combat repris bientôt, beaucoup plus proche. Les Vendéens entraient dans la ville.
« Cette fois ça y est ! « Ils » sont vainqueurs !»
« Ils arrivent place Viarmes Viarme », jugeait M. de Meyracq.Les prisonniers, le cœur battant, s'attendaient, à tout instant, avoir à voir les Vendéens déboucher dans les rues voisines des Carmélites.Or, leur attente fut, une fois encore , trompée. L'avance des Vendéens semblait stoppée , place ViarmesViarme. Le bruit de la bataille parut s'éloigner. Il fallut se rendre à l'évidence : les assaillants, pour une cause inconnue, reculaient.
Ce fut, pour les prêtres détenus, une amère constatation. Après avoir tant espéré, se retrouver plus enserrés que jamais dans ses vieux murs !
Et subir, le soir, les ricanement des gardiens. Le matin, ils tremblaient, verts de peur. Maintenant, ils insultent les captifs les captifs désolés. Ils leur braillent sous le nez le « ça ira « » et «la Carmagnole !»
Dansons la Carmagnole,
À bord de « La Thérèse »
L'attaque des vendéens eut, pour les prêtres détenus aux Carmélites, des conséquences imprévues. Sous prétexte de les soustraire à une délivrance éventuelle, on les transféra, le 5 juillet, sur une galiote, ancrée dans le port, et nommée « La Thérèse ». Le transfert s’opéra si rapidement que les prisonniers durent laisser leurs effets personnels aux Carmélites. Pour accentuer encore leur dénuement, une fouille fut faite, le 7 juillet, sur le bateau même. On enleva au aux malheureux le peu qui leur restait. On les entassa, du soir au matin, dans la cale de la galiote où ils étouffaient. Un rapport du commissaire Gaudin dépeint comme suit la prison flottante où, pendant 10 jours, l'abbé Bonnet fut enfermé.
« L’air y est tellement lourd et épais, qu’à une faible distance une chandelle allumée ne s'aperçoit que comme dans un nuage. Les détenus attendent avec impatience le lendemain pour ouvrir les panneaux qui leur interceptent toute communication avec l'extérieur. « De l'air ! donnez-nous de l'air ! » est le cri général. Leur situation fait frissonner. Plus de vingt malades poussent des cris affreux pendant la nuit ; ils sont couverts de plaies gangrenées ; ils gisent dans la fange parce qu'on ne peut ni les soulever, ni les changer, n’ayant d'autres autre lit que les planches. »
On devine quelles souffrances l'abbé Bonnet , déjà malade, dut endurer sur cet infect bateau. Le peuple nantais appris apprit le sort déplorable fait aux prêtres par leurs bourreaux. Des murmures s’élevèrent.
« On veut faire périr ces malheureux ! disait-on. C’est abominable ! »
Aux Petits Capucins
Les prêtres se retrouvèrent au nombre de quatre-vingt-neuf dans le couvent désaffecté. Leur sort, comparé à celui qu'ils avaient connu sur « La Thérèse », était moins misérable. Cependant, quelle détresse encore ! La municipalité, hargneuse, regrettait d'avoir à nourrir ses ces bouches inutiles. Elle allouait à chaque détenu 25 sous par jour. C'était juste de quoi ne pas mourir de faim ! Les prisonniers ne faisaient plus qu'un repas par jour. Leur économe, M. Douaud, de Tiffauges, ex-chanoine de Nantes, avait beau réduire les rations, acheter les mets les moins chers, il n'arrivait pas à dépenser pour chacun moins de 30 sous par jour !
À plusieurs reprises, M. Douaud écrivit à la municipalité, essayant de l’apitoyer. Il dépeignait ses malheureux compagnons, vieux et infirmes pour la plupart, « vivant sans feu ni lumière, dans des greniers ouverts à tous les vents ». Ce fut peine perdue. On chercha des histoires aux détenus. Plusieurs lavaient eux-mêmes leurs pauvres nippes et les mettaient à sécher aux fenêtres. On prétendit qu'il faisait des signaux aux Vendéens de la rive gauche.
L'ordre de transfert jeta l'abbé Bonnet et ses malheureux compagnons dans la consternation. Ils avaient gardé, de leur bref séjour sur « La Thérèse » , un cruel souvenir. La seule perspective d'aller s'entasser derechef entre les flancs d'un bateau les terrorisait. Ils supplièrent leur économe d'écrire aux administrateurs du département pour les prier d'avoir pitié d'eux.
Nous sommes bien mal logés, ici , expliquait en substance le chanoine Douaud ; notre situation aux Petits Capucins est des plus misérables , nous manquons de pain, de feu, de lumières et de vêtements. Pourtant, ce bâtiment ouvert à tous les vents est un paradis, comparé au bateau où l'on veut nous enfermer. De grâce, citoyens , laissez-nous mourir ici. Nous sommes, pour la plupart , vieux et malades ; nous ne vivrons pas bien longtemps. Permettez que nous finissions nos tristes jours dans ce couvent. Nous ne demandons rien d'autre !
La pétition des prêtres était si humble, leur angoisse si manifeste qu'elle toucha les administrateurs. Le 17 octobre, ils décidèrent de laisser les détenus aux Petits Capucins.
« Et les prêtres ? Dans quel bateau les a-t-on enfermés ?
« Citoyen Représentant, les prêtres ont supplié qu'on les laissât mourir en paix dans leur couvent. Le département a cru pouvoir accéder à leur requête ». Carrier conféra un affreux juron ! Quand il était saoul et en colère il était hideux et terrifiant !
« Comment ! hurla-t-il, on a osé me désobéir? Qui commande ici ? moi ou le département ? La pétition des prêtres ? mais je m'en moque ! Qu'on les transporte immédiatement sur un bateau. Sinon, gare la guillotine ! »
Une vieille galiote, « La Gloire » flottait sur la Loire, en face de la Sécherie. Le transfert s'effectua le 28 octobre. Des petits Capucins au fleuve, il n'y avait pas loin : les jardins du couvent descendaient, par gradin , jusqu'au bord de l'eau. L'endroit étant peu habité, on ne risquait pas d'émouvoir la population nantaise . Cependant, quelques fidèles, avertiavertis, assistèrent, le cœur navré, au passage du lamentable cortège .
Lamentable , certes ! « On imagine, dit un historien, ce que fut cette descente en troupe espacée , suivant les forces de chacun; tête têtes branlantes, cheveux blancs, tailles courbées , jambes fléchissantes : un capucin de quatre-vingts ans, le P. Kermoran ; un autre octogénaire, l’abbé Lemercier, prêtre de Guérande; un curé de Nantes, bien connu de toute la ville, l'abbé Fleuriau, qui avait soixante-dix-neuf ans ; l'ancien recteur de Gorges, M. Dugas, qui en comptait soixante-dix-huit ; deux infirmes, l’abbé Briand et l’abbé Lamarre ; un autre, jeune , l'abbé Leroy, tanguant sur deux béquilles; au total quatre-vingt-dix, portant sous le bras tous leur avoir en un petit paquet, se soutenant, s'entraident, poussés par les soldats, activés par le commissaire Viaud qui préside à l'embarquement .(Lenôtre : Les Noyades de Nantes, p. 37. Le chiffre exact des prêtres était quatre-vingt-six et non pas quatre-vingt-dix.)
C'est dans ce pitoyable cortège que s’intégrèrent les vicaires de Saint-Martin-des-Noyers et de La Bernardière. L'abbé de Meyracq affirme la tradition, chantait d'une voix forte le quantique du Père de Montfort :
De la plus sainte mort.
Les prêtres n'en doutaient pas : ils allaient à la mort. Ils ne savaient pas quel serait ce genre de mort ; mais la chose importait peu : ils étaient prêts.
Ce ne fut pas sans peine que les vieillards et les infirmes furent hissés sur la galiote. A peine grimpés ou tirés dessus, on les enferma dans la cale , noire comme une tombe.
Le jour même, Carrier supprimait l'allocation de 25 sous attribuée jusque-là aux prisonniers. On se demande de quoi les malheureux subsistèrent pendant les dix-neuf jours qu’ils passèrent entassés au fond du sombre bateau.
Préparatifs secrets
Carrier avait son idée: il allait noyer ces prêtres. Il fit part de son plan à deux bandits, ses amis intimes : Fouquet et Lamberty. Celui-ci avisa, dans le port où elle pourrissait, une vieille gabare, qu'il acheta 200 livres. Sur ses ordres ,un certain Baudet pratiqua de larges ouvertures au flanc du bateau , ouverture ouvertures que des ouvriers masquaient aussitôt avec des planches. Une femme considérait, assez intriguée, ce curieux travail. Elle s'informa :
« Que faites-vous là ? Pourquoi creuser des trous pour les boucher ensuite ?
- Cela ne vous regarde pas, citoyenne. Si vous voulez absolument savoir, demandez aux citoyens au citoyen Carrier .
- Je m'en garderai bien.
-Alors, faites comme nous. Ne cherchez pas à savoir ; et taisez-vous. »
Il fallut 15 jours, pour achever l'ouvrage. Lamberty venait, de temps à autre, inspecter et presser les travaux. Il s'arrêtait quelquefois sur le bord du fleuve, non loin de la galiote où les quatre-vingt-six prêtres se trouvaient entassés. Un sourire diabolique effleurait alors ses lèvres : le misérable jouissait à l'avance en imaginant ce qui, bientôt , allait se passer .
La gabarre est enfin prête. Mais pourquoi tarde-t-on à y faire monter les victimes ? Carrier et Lamberty hésiteraient -ils devant l'horreur du crime ? Non ! un crime n’arrêtera jamais les deux bandits. Seulement, ils le savent très bien : aucune loi ne condamne ces prêtres à mort. Si puissant qu'il soit, Carrier n'a pas le droit de noyer, sans jugement, ces malheureux. L'exécution qui se prépare est illégale.
Carrier voudrait que Lamberty opérât sans son ordre. Lamberty, prudent, attend, pour agir, l'ordre de Carrier. Et il veut un ordre écrit. Carrier s'emporte, il jure comme un damné. Mais il faut en finir . Carrier signe un papier qu'il tend à son complice. Ce papier portait : « Permis aux citoyens Fouquet et Lamberty de passer partout où besoin sera avec un gabareau chargé de brigands, sans que personne puisse les interrompre ni troubler dans ce transport. »
Ce n'était pas un ordre formel , mais une simple permission . Lamberty dut cependant s’en contenter. Au fait, que risquait-il ? À la convention, la faction montagnarde l'emportait. Partout, aux frontières comme en Vendée, la révolution était victorieuse. Qui oserait jamais réclamer des comptes aux noyeurs de prêtres ?
Un soupir de soulagement s'échappe de l'entrepont. Enfin ! on va quitter cet infect bateau ! Déjà des têtes émergent sur le pont.
« Où nous conduit ton -t-on ?
- Au château de la Musse, près de Chantenay. Vous serez très bien là-bas. »
Messieurs dit l'un d'eux, curé de Machecoul, je crois que nous ferions bien de nous préparer à la mort. (On connait les détails de cette noyade par le récit du seul rescapé, l’abbé Landeau, curé de Saint-Lyphard.)
Serait-ce possible ? Tout à l'heure on espérait. Mais l’eau s'insinue partout. Les prêtres envisagent soudain le pire : ne veux ton veut-on point les noyer ? Un murmure de prières s'élève dans la cale obscure. Les malheureux se confessent réciproquement et se donnent l'absolution. Sait-on jamais ?
La gabare est pleine. Des coups de marteau retentissent sur le pont : on cloue la trappe d'entrée. Pourquoi la clouer si on va au château de la Musse !
« Je veux passer et vous ne m'en empêcherez pas.
- Vous ne passerez pas. Les consignes sont formelles.
- J'ai les ordres tu du représentant Carrier.- Montrer Montrez les ! »
Lamberty, hors de lui, sacrait comme un roulier, il sortait son sabre :
Et le bateau continua sa glissade, escorté par le canot monté par Lamberty et ses hommes.Cela dura un quart d'heure peut-être. Un quart d'heure d'anxiété et de prières.
Soudain, du dehors, des coups sourds retentir retentirent sur le flanc de la gabare. Les complices de Lamberty défonçaient, à la hache, les ouvertures pratiquées par Baudet. Aussitôt, des coulées d'eau glacée jaillirent à l’intérieur. Un cri d'angoisse s'éleva du bateau. À ce cri répondirent des blasphèmes et les ricanement ricanements de Lamberty .
« C'est le moment de faire un miracle ! » gouaillait le misérable.
Ainsi périt, le 16 novembre 1793, l'ancien vicaire de Saint-Martin-des-Noyers, le maladif abbé Bonnet.
Le lendemain, Carrier communiquait le fait à la convention, en termes voilés, qu'il croyait spirituels : « Un événement d'un genre nouveau, écrivait-il, semble avoir voulu diminuer le nombre des prêtres : quatre-vingt-dix, de ceux que nous désignons sous le nom de réfractaires, était étaient enfermés dans un bateau sur la Loire. J'apprends à l'instant, et la nouvelle en est très sûre, qu'ils ont tous péri dans la rivière. »
Il y aura une seconde noyade de prêtres, le 9 décembre : cinquante-trois insermentés y périrent. La Terreur régnait à Nantes ; personne n'osait souffler mot. Ce silence enhardit Carrier et ses émules. Le procédé paraissait excellent ; il était plus rapide et plus discret que la guillotine; il économiser économisait la poudre. Bientôt les noyades devinrent une opération courante. Les prisons, encombrées de Vendéens, après Savenay, se vidèrent , chaque nuit, dans la Loire. Des milliers de malheureux disparurent, de la sorte, sans jugement.
L'abbé Bonnet fut le premier Vendéen noyé par le sinistre Carrier.
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