'''CARRE Camille''', Né le 12 septembre 1914 – Marié le 11 avril 1939.
Mobilisé le 4.septembre.1939 - Fait prisonnier le 16 mai 1940 à GIMNEE (province de Namur GMP) en Belgique. Arrivé en Allemagne le 26 mai 1940 au camp de Mühlberg (Thuringe GMP), N° matricule 23 047 IVB.
1er départ au travail - Le 16 juin 1940 à BOLHEN (ville de Saxe, arrondissement de Leipzig GMP) dans une mine de lignite à ciel ouvert. Baraquements tout neufs, en groupes de 20 - 25 par baraque - en tout 4 à 5 baraques. Travail de consolidation de voies de chemin de fer à voies d'un mètre. Travail dur pour le peu de nourriture qu'on avait.
4ème départ au travail - Le froid à arracher les betteraves n'était pas pour nous remonter le moral, mais ça ne dura pas. On retourne à l'usine, la « Kinderwagenfabrik ». Mais une loi vint, il ne fallait pas garder les prisonniers plus de 6 mois dans la même maison. Il a fallu partir.
5ème départ au travail - Là on nous a dispersés au petit bonheur suivant nos aptitudes. J’arrive dans une tuilerie. Travail tranquille, nourriture valable. Facilité de se "débrouiller". C'est là que j'ai pensé sérieusement à m’évader. Je suis resté près d'un an à cette tuilerie de REUDEN (Saxe Anhalt GMP). Je m’ennuyais. Avec le peu de liberté qu'on avait, je pus quand même prendre contact avec un groupe de français travailleurs volontaires en Allemagne. C'est là que je pensais à la complicité de quelqu'un. Ces volontaires allaient en permission en France. J'avais trouvé quelqu'un qui me vendait son titre de permission, pour tabac, haricots, chocolat, café etc… J'avais des économies de nourriture.
1ère Tentative d'évasion - Le 3 mars 1942.
Je devais partir à pied à la Gare d'ALTENBERG (Saxe GMP) à 3 heures du matin. Je suis donc sorti avec l'aide de quelques camarades, en passant par une fenêtre qui était "barbelée". Habillé en civil un peu légèrement. Pas de chance pour le temps, il neigeait. Je suis donc arrivé à la gare à l'heure. Je retrouve sans peine le groupe de 20 volontaires qui partaient en France. Le chef de ce groupe s'approcha de moi en me disant que ce n'était pas la peine d'essayer de se mettre dans le groupe, car la police les comptait à chaque instant, et que je n'avais aucune chance de réussir. Moi j'étais décidé à partir, et je suivis le groupe jusqu'au train en prenant un billet pour une gare proche. Me voilà dans le train qui devait m'emmener en France. Tout allait bien, mon espoir était grand. On roula jusqu'à une petite gare, et 1à, on devait changer de train. Je réussis à changer de train et en direct pour la France. à ERFURT (land de Thuringe GMP), halte du train. Contrôle. Un contrôleur passa dans notre compartiment. Je comptais un peu sur la pagaille de ce train bondé, on ne pouvait pas se bouger. Ce fut ma perte, J'ai toujours cru que ce contrôleur avait mon signalement, car il me dit en français « Monsieur, vous êtes le prisonnier n° 23047 ». J'ai su par la suite que j'avais été signalé par notre homme de confiance qui avait donné tous les détails. Je suis donc descendu du train. Il neigeait. Pas question de fausser compagnie, il faisait si froid. A la gare, on rassembla tous les évadés du train. Civils volontaires, sans permissions, STO et prisonniers de guerre, on était bien plus de 100. Chacun du dû suivre un policier ou une sentinelle. Pour ma part, j’ai passé la nuit à la prison de la caserne dans une cellule et je suis resté 3 jours avant qu’ une qu’une sentinelle vienne me chercher du camp d'ALTENBERG. En attendant le train pour ALTENBERG, j’aurais pu lui fausser compagnie cent fois, mais pas de question avec le temps qu’il faisait, neige et froid.
Me voilà donc au camp – baraque des évadés -. Pantalon rouge. La baraque était bien chauffée, on était 40 ou cinquante, on passait son temps à la corvée du quartier le matin, et la soirée on se racontait des histoires d’évasion. Il y en avait de terribles, mais aussi de très tristes.
Au bout de quelques jours, ce fut la cellule pour 3 semaines, à 3 par cellule. Rien de très grave, ce fut vite passé.
Enième départ pour le travail - A à 7 évadés pour une « Carrosseriefabriek » (Atelier de Carrosserie GMP) à Altenburg. Je suis resté là 6 mois, avant ma 2ème tentative d’évasion.
Tous les 7, on ne parlait qu'évasion, pourtant je leur avais toujours dit que c'était moi qui partirais le premier. Je remis çà tout seul. Personne de décidé à partir. Dans un sens, j'avais une grande confiance en moi, et un copain aurait plus été une charge.
Je préparai donc minutieusement mon départ. Toujours par le train, mais le train de marchandises. On était à 40 km de LEIPZIG (land de Saxe). C’est le mois de septembre. Je savais par les évadés qu’il était assez facile de repérer un wagon en départ pour la France.