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Les Conflits Nationaux à Saint Martin des Noyers

10 007 octets ajoutés, 14 avril 2020 à 17:46
Les Prisonniers de Guerre
ROULET Marcellin né le 6 septembre 1917 à St Martin des Noyers, 2è cl 95 RI, Stalag VIII C
 
===Témoignage de Prisonniers de guerre===
 
CARRE Camille, Né le 12 septembre 1914 – Marié le 11 avril 1939.
 
Mobilisé le 4.septembre.1939 - Fait prisonnier le 16 mai 1940 à GIMNEE (province de Namur GMP) en Belgique. Arrivé en Allemagne le 26 mai 1940 au camp de Mühlberg (GMP Thuringe), N° matricule 23 047 IVB.
 
1er départ au travail - Le 16 juin 1940 à BOLHEN (ville de Saxe, arrondissement de Leipzig GMP) dans une mine de lignite à ciel ouvert. Baraquements tout neufs, en groupes de 20 - 25 par baraque - en tout 4 à 5 baraques. Travail de consolidation de voies de chemin de fer à voies d'un mètre. Travail dur pour le peu de nourriture qu'on avait.
Dès ce moment, l'idée de m’évader m’est venue. J'avais bien des copains, ou plutôt des camarades à qui me confier, on en parlait souvent, mais il n'y avait personne pour m'encourager, bien au contraire. Pourtant, j’avais bien ma devise « Mieux vaut mourir d’une balle que de mourir de faim », dans mon idée on devait moins souffrir.
Le sort n'a pas voulu que je reste à ce commando. Notre extrême faiblesse avait attiré les poux, et à force de me gratter, je suis allé à la visite. Diagnostic : la galle. Retour au camp. Douche nettoyage énergique, pas de travail, je repris mes forces.
 
2ème départ au travail - Cheminot sur la voie, travail très dur mais relativement bien nourri. J'ai fait 3 semaines, mal dans le dos. Je suis resté allongé 3 semaines, retour au camp. Là, j'ai voulu organiser ma vie avec un copain de Rouen. On a fabriqué maints objets d'art, des cigognes en bois de sapin. Le temps passait vite, on était occupés. On vendait bien notre production pour du pain, des cigarettes, etc...
Après avoir déserté plein de fois le « marché aux bestiaux » et l'hiver venant, Ia nourriture se faisait de plus en plus rare. On s'est dit qu'on ne passerait pas l’hiver dans ce camp. Alors on s'est laissé embarquer au premier marché aux bestiaux venu. On était un groupe de 40 environ de « Leicharbeit »(travaux légers).
 
3ème départ au travail - Arrivé à ZEITZ (GMP Saxe-Anhalt) dans une « Kinderwagenfabrik »(usine de poussettes GMP)– 60 ouvriers un bon patron - Usine bien chauffée. Travail léger, nourriture abondante. Là j'ai repris du « poil de la bête » mais l'hiver arriva, et les betteraves qu'il fallait arracher. Notre groupe partit pour 3 semaines.
 
4ème départ au travail - Le froid à arracher les betteraves n'était pas pour nous remonter le moral, mais ça ne dura pas. On retourne à l'usine, la « Kinderwagenfabrik ». Mais une loi vint, il ne fallait pas garder les prisonniers plus de 6 mois dans la même maison. Il a fallu partir.
 
5ème départ au travail Là on nous a dispersés au petit bonheur suivant nos aptitudes. J’arrive dans une tuilerie. Travail tranquille, nourriture valable. Facilité de se "débrouiller". C'est là que j'ai pensé sérieusement à m’évader. Je suis resté près d'un an à cette tuilerie de REUDEN (Saxe Anhalt GMP). Je m’ennuyais. Avec le peu de liberté qu'on avait, je pus quand même prendre contact avec un groupe de français travailleurs volontaires en Allemagne. C'est là que je pensais à la complicité de quelqu'un. Ces volontaires allaient en permission en France. J'avais trouvé quelqu'un qui me vendait son titre de permission, pour tabac, haricots, chocolat, café etc… J'avais des économies de nourriture.
 
1ère Tentative d'évasion - Le 3 mars 1942.
Je devais partir à pied à la Gare d'ALTENBERG (Saxe GMP) à 3 heures du matin. Je suis donc sorti avec l'aide de quelques camarades, en passant par une fenêtre qui était "barbelée". Habillé en civil un peu légèrement. Pas de chance pour le temps, il neigeait. Je suis donc arrivé à la gare à l'heure. Je retrouve sans peine le groupe de 20 volontaires qui partaient en France. Le chef de ce groupe s'approcha de moi en me disant que ce n'était pas la peine d'essayer de se mettre dans le groupe, car la police les comptait à chaque instant, et que je n'avais aucune chance de réussir. Moi j'étais décidé à partir, et je suivis le groupe jusqu'au train en prenant un billet pour une gare proche. Me voilà dans le train qui devait m'emmener en France. Tout allait bien, mon espoir était grand. On roula jusqu'à une petite gare, et 1à, on devait changer de train. Je réussis à changer de train et en direct pour la France. à ERFURT (land de Thuringe GMP), halte du train. Contrôle. Un contrôleur passa dans notre compartiment. Je comptais un peu sur la pagaille de ce train bondé, on ne pouvait pas se bouger. Ce fut ma perte, J'ai toujours cru que ce contrôleur avait mon signalement, car il me dit en français « Monsieur, vous êtes le prisonnier n° 23047 ». J'ai su par la suite que j'avais été signalé par notre homme de confiance qui avait donné tous les détails. Je suis donc descendu du train. Il neigeait. Pas question de fausser compagnie, il faisait si froid. A la gare, on rassembla tous les évadés du train. Civils volontaires, sans permissions, STO et prisonniers de guerre, on était bien plus de 100. Chacun du suivre un policier ou une sentinelle. Pour ma part, j’ai passé la nuit à la prison de la caserne dans une cellule et je suis resté 3 jours avant qu’ une sentinelle vienne me chercher du camp d'ALTENBERG. En attendant le train pour ALTENBERG, j’aurais pu lui fausser compagnie cent fois, mais pas de question avec le temps qu’il faisait, neige et froid.
Me voilà donc au camp – baraque des évadés -. Pantalon rouge. La baraque était bien chauffée, on était 40 ou cinquante, on passait son temps à la corvée du quartier le matin, et la soirée on se racontait des histoires d’évasion. Il y en avait de terribles, mais aussi de très tristes.
Au bout de quelques jours, ce fut la cellule pour 3 semaines, à 3 par cellule. Rien de très grave, ce fut vite passé.
Nième départ pour le travail - A 7 évadés pour une « Carrosseriefabriek » (Atelier de Carrosserie GMP) à Altenburg. Je suis resté là 6 mois, avant ma 2ème tentative d’évasion.
Tous les 7, on ne parlait qu'évasion, pourtant je leur avais toujours dit que c'était moi qui partirais le premier. Je remis çà tout seul. Personne de décidé à partir. Dans un sens, j'avais une grande confiance en moi, et un copain aurait plus été une charge.
Je préparai donc minutieusement mon départ. Toujours par le train, mais le train de marchandises. On était à 40 km de LEIPZIG (land de Saxe). C’est le mois de septembre. Je savais par les évadés qu’il était assez facile de repérer un wagon en départ pour la France.
 
2ème Tentative d'évasion - Septembre 42
Il faisait beau et je pensais aller à pied en 2 ou 3 jours et nuits à LEIPZIG. Le départ se fit sans grand peine. Un dimanche de promenade, j’ai laissé retourner les copains et moi j'ai continué en direction de la gare des marchandises, mais habillé en « Gefangener »(prisonnier GMP). De jour, il était facile de circuler ainsi, personne ne s'occupait de nous. Je passai ma première nuit à la belle étoile dans un petit bois. Au matin, je m'apprêtais à partir pour la gare. Un chien et un policier me dénichèrent avant mon départ. Ce fut fini. Il fallait suivre. J'ai passé la nuit dans la gendarmerie du petit pays, et le lendemain, retour au camp d'ALTENBURG, à la baraque des évadés que j'avais quittée 6 mois plus tôt. Mêmes cérémonies. L'interrogatoire, "Pour vous punir, je vous renvoie dans votre commando, vos copains vous casseront la gueule" me dit l'officier de l'Abwer (la défense GMP). J'aurais bien été content d'y retourner on n'y était pas mal. On m'envoya chez un "Klempnermeister" maître ferblantier.
 
Nième départ au travail - Là je travaille avec mon patron et son oncle. On était à 3, j'étais un peu l'apprenti et manœuvre. Je n'étais pas mal. On était à mars 43. Je couchais dans une "Zukerraffinerie"(raffinerie de sucre GMP) avec une quarantaine de camarades dont la bonne moitié étaient des anciens évadés. Là on a eu de bons moments. Le sucre bonne monnaie d'échange ne nous manquait pas. II n'y avait qu'à le prendre. J'avais même fabriqué un alambic et on fabriquait de l'eau de vie de sucre, ça remontait. Mais cela ne dura pas longtemps, il fut question d'en commercialiser, mais on ne s'entendit pas et j'arrêtai de bouillir.
Là je suis resté 1 an. Une partie des camarades, presque tous, ont été transformés en civils, alors qu'on était à 3 qui n'en voulurent pas. Il me fallut changer de camp. Je ne changeais pas de patron, mais je changeais de commando. J’avais de la liberté, car pour aller à mon travail, je n'étais pas accompagné. J'allai donc au commando de ROSITZ (Thuringe GMP), une cinquantaine de français prisonniers étaient gardés par une ou 2 sentinelles. Je pris vite contact avec des civils qui avaient droit à des permissions. J'en trouve un qui n'avait pas de famille et qui préférait rester en Allemagne durant sa permission. Ainsi je préparai ma 3ème évasion.
 
3ème évasion - A un ami commun qui restait, je remis le paiement de son titre de permission (tabac, sucre, biscuits, haricots, etc.) Il ne devait toucher à son dû que lorsque je serais parti. J'avais raison de me méfier. Les permissions étaient suspendues et n'ont jamais repris. Je n'ai donc pu partir (à deux jours près) on était en septembre 44.
A ce moment-là, je commençai à prendre patience. Les américains étaient débarqués depuis juin, et la guerre ne devait plus durer longtemps. Je changeai bientôt de commando, et de patron. Je suis allé au commando de GOSSNITZ (Thuringe GMP). J’étais détaché à PONITZ (est du land de Thuringe GMP), chez le forgeron maréchal du pays. C'est là que j'attendis la libération par les américains le 25 mars 1945
Retour dans mon foyer le 25 avril 1945.
Source : Antoine. et Joseline Carré - Note : GMP : Groupe Mémoire et Patrimoine
 
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